L’internationalisation de la littérature brésilienne au XXIe siècle
L’internationalisation de la littérature brésilienne ne date pas d’hier. En effet, le souci de promouvoir l’image du Brésil à travers les lettres faisait déjà l’objet d’efforts de diplomatie culturelle menés par D. Pedro II. Dans le cadre de l’Exposition universelle de 1889, l’empereur brésilien s’est engagé personnellement à créer une image nationale positive du Brésil à travers la rédaction de l’entrée « Brésil » pour La Grande Encyclopédie.
Cependant, l’exportation de la littérature brésilienne a souvent été entravée par des barrières linguistiques, des préjugés culturels et un manque de structures de soutien pour la traduction et la diffusion des œuvres. Aujourd’hui, ces défis persistent, mais de nouvelles dynamiques sont apparues. La globalisation et l’essor des technologies de communication ont créé des réseaux de distribution plus accessibles.
La traduction anglaise du livre Les Mémoires posthumes de Brás Cubas, de Machado de Assis, occupe actuellement la première place dans le classement des ventes Amazon de littérature latino-américaine. Le livre, publié par Penguin Classics, a atteint cette position suite à une critique de l’influenceuse nord-américaine Courtney Henning Novak devenue virale sur TikTok. « J’ai absolument adoré Mémoires posthumes de Brás Cubas, de Machado de Assis. Sérieusement, c’est probablement mon nouveau livre préféré. Je lirai certainement plus de livres de cet auteur et plus de littérature brésilienne », a déclaré Novak à des milliers d’abonnés.
Historiquement, la promotion des auteurs brésiliens à l’étranger a été axée sur les auteurs classiques – c’est le cas de Machado de Assis, dont les œuvres sont essentielles pour comprendre l’évolution littéraire du pays. Mais aujourd’hui, un phénomène intéressant se dessine : de plus en plus, le succès international des auteurs du Brésil ne repose plus uniquement sur leur nationalité. Des identités façonnées par le genre, l’ethnicité, la situation migratoire ou l’appartenance à des communautés marginalisées – ce que l’on pourrait appeler des identités « subnationales » – jouent un rôle majeur. Ces identités, souvent relayées par des réseaux d’affinité et d’intérêt, transcendent les frontières nationales et redéfinissent la manière dont la littérature est perçue et appréciée mondialement.
La déclaration de Goethe en 1827 selon laquelle « la littérature nationale ne signifie plus grand-chose : l’ère de la littérature mondiale commence » est aujourd’hui plus pertinente que jamais. La littérature brésilienne, dans ce contexte globalisé, se doit d’être vue non seulement comme une projection de l’identité nationale, mais comme une contribution importante à la culture mondiale contemporaine. Si les œuvres littéraires brésiliennes commencent à circuler et à être reconnues indépendamment de leur association avec la culture nationale brésilienne, cela pourrait indiquer que le Brésil commence à occuper une place moins périphérique dans le paysage culturel mondial.
L’adaptation des œuvres littéraires à l’écran, comme celle du roman de Paulo Lins, La Cité de Dieu, en 2002, est une voie prometteuse pour amplifier ce phénomène. Le succès international de ces adaptations cinématographiques montre comment la littérature brésilienne peut atteindre un public plus large et plus diversifié, renforçant ainsi son rôle sur la scène mondiale.
Daniella Araújo
Cheffe du service culturel
Ambassade du Brésil en France