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Le péril jaune de Eloi Yagüe Jarque

Eloi Yagüe Jarque 4 mois ago 4 min read

Les premières nuits de l’inspecteur Trómpiz dans son nouvel appartement, où il avait emménagé avec sa femme, furent absolument agréables. Il y dormait comme un loir, ce qu’il souhaitait depuis longtemps. Ils avaient choisi ce quartier, éloigné du centre-ville, justement parce qu’il était réputé être calme. De temps en temps retentissait au loin l’alarme d’une voiture, mais ils étaient déjà bien habitués à ce bruit. Lemieux était de s’endormir avec le son anesthésiant des grillons que Trómpiz n’avait pas entendu depuis son enfance à la campagne.

Une nuit, cependant, l’inspecteur se réveilla soudain en entendant un bruit qu’il ne parvenait pas à identifier. L’inspecteur fut soudain réveillé par ce bruit… Il essaya de le reconnaître. C’était… mais non, ce n’était pas possible : on aurait dit des chants d’oiseaux un vrai vacarme mélodieux. Il regarda l’horloge : il était trois heures vingt du matin. Il aurait voulu réveiller sa femme, mais elle dormait profondément. Alors le bruit, qui était déjà lointain, s’atténua peu à peu jusqu’à disparaître. Trómpiz se retourna et s’endormit.

La nuit suivante, il se réveilla à nouveau avec le bruit des oiseaux, de nombreux oiseaux. Mais, ce bruit lui sembla si lointain qu’à un moment il crût que celui-ci provenait de l’intérieur de sa tête. Il regarda l’horloge : deux heures quarante-cinq du matin. Sa femme dormait à poings fermés. Trómpiz essaya de respirer consciemment afin de retrouver son calme, mais le bruit sembla s’intensifier. « Ou s’agit-il d’une hallucination auditive ? », pensa-t-il alors qu’il fumait une cigarette sur le balcon. La nuit était calme. Peu de voitures circulaient dans la rue. Personne ne marchait sur le trottoir. C’était un quartier définitivement tranquille. Et les chants des oiseaux avaient cessé aussi mystérieusement qu’ils avaient commencé à se faire entendre.

La cinquième nuit, Trómpiz se réveilla au petit matin en étant certain de deux choses : il entendait clairement les oiseaux et il lui semblait que les chants provenaient de l’intérieur de l’immeuble d’à peine six étages, où se trouvait son appartement. Décidé à élucider le mystère une fois pour toutes, il prit son arme sous l’oreiller, se leva discrètement sans réveiller sa femme, enfila ses baskets et sortit une lampe de poche du placard. Sans faire de bruit, il sortit de l’appartement, pénétra dans le couloir allumé et commença à descendre les escaliers (il n’y avait pas d‘ascenseur, c’était un vieil immeuble). Il se laissa surtout guider par son instinct et par la direction de laquelle semblait provenir le bruit : du bas, toujours plus bas.

Finalement, il atteignit le rez-de-chaussée. À cet endroit une petite porte en bois menait à la cage d’escalier, qui était aussi la pièce de service. Trómpiz entra et alluma la lampe. Un cafard s’enfuit en courant à travers le mur. Il y avait des outils de nettoyage, des boîtes de carton, une pile de vieux journaux, et au-dessus de celle-ci des bouteilles vides. Mais le bruit lui sembla de plus en plus clair et net. Il déplaça quelques cartons et découvrit, en dessous de celles-ci, une grille métallique carrée.

La trappe n’avait pas de poignée mais un trou. L’inspecteur y enfonça son index et la souleva. Il l’éclaira avec la lampe de poche et vit un tunnel qui descendait dans l’obscurité. Une échelle de tuyaux métalliques encastrés dans le mur permettait de descendre. Le bruit avait cessé, mais Trómpiz était déterminé à enquêter. Il arma le pistolet et, lampe torche à la bouche, commença à descendre. Le trou était profond. Dix mètres, peut-être vingt ? Finalement, il toucha le sol.

Il devina un grand espace, une pièce ou une nef. Il la balaya avec la lumière de la lampe torche. La luminosité permettait à peine de distinguer le contour de certains meubles. Il semblait y avoir un grand désordre. Trómpiz avança d’un, deux, trois pas. Il trébucha sur quelque chose au sol et entendit comme des branches sèches se casser. Il éclaira. C’était un corps humain, émondé comme un arbre, dans l’os. Il vit le sourire de la tête du mort avant de se retourner désespérément pour chercher l’interrupteur de la lumière. Il le trouva. Quand l’ampoule s’alluma, il eut le temps de voir ce qui allait tomber sur lui : un mortel nuage de plumes jaunes, des becs dentés et des ailes pourvues de griffes. C’est alors que son cerveau se rappela, comme dans un flash, d’avoir lu quelque chose au sujet d’une étrange espèce de canaris carnivores de Sumatra.

À ce moment-là, la trappe se referma d’un coup sec. Les coups de feu ne furent pas entendus dehors, les cris s’éteignirent lentement et le calme revint dans la nuit du quartier.

Eloi Yagüe Jarque
(Extrait d’Esvástica de sangre, Groupe Éditorial Norma, Bogotá, 2000)

Traduction : Yurinis Prieto

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