
Juan Pablo Villalobos (Jalisco, 1973) se définit lui-même comme un immigré et un expatrié, ce qui explique son choix de situer son roman à Barcelone, son lieu de résidence depuis quelques années, au détriment de son environnement mexicain d’origine. Personne n’est obligé de me croire est son quatrième livre, qui, a d’ailleurs été couronné par le prix Herralde.[1]
Une constante semble traverser l’œuvre littéraire de Juan Pablo Villalobos : le mélange de thèmes tels que la violence, la pauvreté et l’inégalité, présentés d’un point de vue irrévérencieux, avec une touche de cynisme, d’absurdité et d’humour noir. Ce style s’explique par l’influence de l’écrivain de Guanajuato Jorge Ibargüengoitia auquel Villalobos voue une admiration manifeste.
Quatre narrateurs se succèdent dans le récit de Personne n’est n’obligé de me croire : Juan Pablo, le protagoniste ; sa petite amie Valentina, qui écrit un journal ; le cousin de Juan Pablo, sous forme épistolaire ; et la mère de Juan Pablo, par le biais d’appels téléphoniques.
L’histoire commence par une promenade dans les rues emblématiques de la ville de Guadalajara, Jalisco, lorsque le cousin de Juan Pablo l’introduit dans une cellule du crime organisé. Un peu plus tard, Juan Pablo se rend en Espagne pour préparer un diplôme de troisième cycle avec sa petite amie. Bien que cela n’ait rien à voir avec l’affaire de son cousin, ces gangsters ont déjà d’autres plans qui vont bouleverser sa vie.
Il convient de noter l’intéressante réflexion sur l’humour à laquelle nous convie l’auteur. En effet, la thèse de doctorat du personnage principal, Juan Pablo, traite justement ce sujet : il se demande comment, pourquoi et de quoi nous rions. En ces temps d’envahissement du politiquement correct, il vaut certes mieux rire que de pleurer sur son sort.
Personne n’est n’obligé de me croire est un roman qui fusionne les genres littéraires, comme le crime et l’humour, un roman plein d’angoisse et de rebondissements inattendus. Le roman idéal, en somme, pour un lecteur qui souhaite se plonger dans une histoire improbable.
La citation suivante résume assez bien l’esprit qui anime cet ouvrage : « on ne peut pas se fier à ces gens-là […] ce sont des littéraires, ils croient aux sentiments, ils sont romantiques, bohèmes, ils tombent amoureux » dit le chef de la mafia mexicaine, l’Avocat ; le chef de la mafia espagnole lui répond « des crétins », et l’Avocat d’ajouter « au Mexique, on les traite d’abrutis ». Jorge Ibargüengoitia est incontestablement présent.
Traduction L’autre Amérique

Personne n’est obligé de me croire de Juan Pablo Villalobos
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Claude Bleton
Buchet Chastel, 2018, 288 p. [No voy a pedirle a nadie que me crea, Anagrama, 2016]
[1] Prix littéraire décerné par une importante maison d’édition espagnole du même nom.