Le Sauvage par Luis Samaniego

Guillermo Arriaga, Le Sauvage, Fayard, 2019 [El Salvaje, Alfaguara, 2017] 

© Alejandro Gutiérrez

Si vous avez aimé les quatre premiers livres de Guillermo Arriaga, alors vous allez adorer Le Sauvage, car c’est dans les grandes étendues (688 pages) que l’écrivain-chasseur, comme il aime se décrire, est dans son élément. 

Son livre est une lutte, une rixe à mains nues dans la rue, sans coup bas ni sortie facile. Dès le début, l’auteur enlève les gants, il nous raconte dans les toutes premières pages ce qui va avoir lieu : l’assassinat de Carlos, le décès de la grand-mère et la disparition des parents. Juan Guillermo va perdre subitement son frère aîné et le reste de sa famille. Trop de malheur à encaisser d’un seul coup. Le vide existentiel se remplit d’une atroce soif de vengeance. Déboussolé, il commence par se concentrer sur ce qui lui reste : ses meilleurs amis.

Les grandes lignes du roman sont dévoilées et, subrepticement, le piège installé autour de nous, nous attrape férocement. Notre curiosité nous livre au chasseur qui nous guette. Une fois sous son emprise, Arriaga distille les détails au compte-goutte pour susciter en nous l’envie d’en savoir davantage.

L’histoire se déroule dans le Mexique des années soixante. Une société évolue en même temps que des factions conservatrices cherchent par tous les moyens, y compris la violence, à maintenir le statu quo et si possible à imposer leur point de vue. Les différences de classe sociale sont mises en évidence tout au long du roman. Comme partout ailleurs, riches et pauvres s’affrontent, mais il y a aussi un autre clivage social important, celui qui oppose traditionalistes et penseurs libres. 

L’ancien monde du protagoniste a commencé à être détruit par l’eau, et le feu finira par détruire ce qu’il en reste. Après avoir assené quelques coups bien mérités à ses adversaires, Juan Guillermo est forcé de partir : sa vie désormais sera ailleurs, loin de l’Unidad Modelo à Ixtapalapa. La seule solution pour les animaux sauvages et indomptables est la liberté.