Mexico, quartier sud par Luis Samaniego

Guillermo Arriaga, Mexico, quartier sud. Nouvelles, Phébus, 2009 [Retorno 201, Páginas de Espuma, 2007]

© Cecilia Guerrero

Ce livre est idéal pour découvrir l’œuvre de Guillermo Arriaga, car nombre de ses histoires ont lieu dans l’Unidad Modelo à Ixtapalapa, un quartier densément peuplé situé au sud de la ville de Mexico. Les différents récits du livre se déroulent plus précisément sur l’avenue Retorno 201, largement citée et choisie comme titre original.

Quelques conseils avant de commencer : il faut regarder sur internet un plan satellite de la ville. Ainsi, l’immensité de Mexico sera plus facilement mise en évidence. Un visionnage du film Amours Chiennes parachèvera la préparation pour s’adapter aux couleurs et aux accents. 

Mexico, quartier sud présente les premiers textes de l’auteur, écrits entre 1983 et 1995. Dans ces nouvelles, nous pouvons apercevoir les sujets récurrents de son œuvre : la violence, les fratries, les parents ou leur absence, le cynisme de certains personnages et leur compréhension très particulière de la mort. 

Le choix de la première nouvelle, « Lilly », n’est pas anodin. Le récit met le lecteur à l’épreuve. L’ambiance de l’histoire met très mal à l’aise. Une femme perd son mari et, déboussolée, se fait héberger avec sa fille dans la famille de sa sœur. Là, un crime inexcusable a lieu. Cependant, le père des enfants criminels « qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient » essaie de trouver des circonstances atténuantes, tout en essayant de comprendre. 

Une fois cette épreuve passée, le lecteur peut continuer son chemin sur l’avenue Retorno. Beaucoup de personnages ont des blessures physiques ou émotionnelles, mais ils ne soignent pas leurs maux. Ils les acceptent comme s’il n’y avait pas d’autre choix, parfois jusqu’à la mort. 

Les adultes n’ont pas le monopole de la violence. Les enfants aussi exercent sur leurs semblables des méthodes de rétorsion assez efficaces. D’un côté, les habitants du quartier harcèlent un étranger un brin bruyant, mais inoffensif et uniquement incompris dans sa tristesse. D’un autre côté, un groupe de gamins rend la vie impossible à un camarade de classe parce qu’il n’a pas répondu à la maîtresse ce qu’on attendait de lui. Mais attention au retour de bâton…

On retrouve aussi des policiers corrompus jusqu’à la moelle qui jouent le rôle de procureurs ou de juges selon les capacités financières de leurs victimes. Arriaga s’en prend encore aux médecins qui ferment les yeux quand ils ne devraient pas, par exemple face à un blessé grave ou devant une fille qui souhaite avorter. 

On dirait que toutes ces histoires appartiennent à des univers distincts et distants. Pourtant ils sont tous voisins dans l’avenue Retorno, ce quartier sud de l’immense ville de Mexico.