Grecia Cáceres, Fin d’après-midi, traduit de l’espagnol (Pérou) par Jean-Marie Saint-Lu, L’éclose éditions, 2004, 164 p., 16 € [Atardecer, 2003]
Grecia Cáceres est une romancière et poétesse péruvienne. Venue en France terminer ses études, elle s’y est installée.
Fin d’après-midi est un roman initiatique qui se déroule dans les années quatre-vingt et dans lequel elle aborde le délicat sujet de l’adolescence dans les classes aisées de Lima.
L’histoire débute par un bouleversement familial : un déménagement. C’est l’enfance de l’affrontement, de l’hostilité des voisins, de la promiscuité, l’enfance de la souffrance, de l’enfermement, du refuge parental, trop protecteur. La narratrice aspire à découvrir l’université, qu’elle imagine lui apporter la connaissance et la liberté.
Vient alors le temps des rencontres, des découvertes d’un monde qui n’a rien à voir avec ce qu’elle a vécu jusque-là : des intellectuels, des révolutionnaires, des étudiants remplis d’idéaux. La narratrice se sent différente de ces jeunes gens. Elle écrit ses premiers poèmes, elle décrit les amis, les amours, les rêves, les espoirs, mais aussi les incompréhensions dans une société en crise et en pleine évolution avec la menace du terrorisme.
Dans la dernière partie de son roman, elle aborde les vies bouleversées, la pression sociale, politique et la violence du Sentier lumineux[1], la puissance de l’écriture pour gagner son indépendance, plonger dans le monde adulte, affronter le pays en guerre. Et décider de partir.
Grecia Cáceres ne donne pas de prénom à la narratrice, sans doute pour mieux représenter par cet anonymat ces personnes qu’on ne remarque pas, ces jeunes filles étouffées par une société conservatrice qui ne donne aucune place aux femmes, surtout pas dans le domaine de la création. C’est pourtant par le chemin de l’écriture qu’elle montrera sa vision curieuse et passionnée du monde qui l’entoure, si violent.
Alice
[1] Le Sentier lumineux est un groupe terroriste qui a participé à la guerre civile péruvienne dans les années 1980 et 1990, et qui a fait plus de 70 000 morts. Il revendique une affiliation avec le Parti communiste péruvien.