Jour de sortie de Jennifer Thorndike

Version en espagnol

Aujourd’hui, c’est vendredi, jour de sortie. Je me lève, m’habille, me lave le visage, me coiffe et me fais une queue de cheval. Puis, je sors de la chambre. Elle est là, elle m’attend avec la liste des courses, le portable, les clefs et la somme exacte. Elle sait combien nous dépensons chaque semaine au supermarché, nous n’avons besoin de rien de plus. Elle ouvre les trois cadenas qui protègent la porte avant de la déverrouiller. Ce ne sont pas les seuls : chaque porte et chaque fenêtre sont sécurisées pour éviter que quelqu’un, sachant qu’à l’intérieur vivent deux femmes seules, n’entre voler. Sa peur est maladive, comme tout en elle. Elle s’approche maintenant de moi pour me dire au revoir et me donner sa bénédiction, mais je la rejette instinctivement. 

– Ne t’attarde pas. 

Je ne m’attarderai pas, je ne peux pas. Elle contrôle le temps que je dois passer dehors. Entre une heure et demie et deux heures, tout au plus. Si les minutes s’allongent, elle commencera à m’appeler sans arrêt. Je ne supporte pas la vibration du portable ni ses sempiternelles questions : Où es-tu ? Pourquoi t’attardes-tu ? Ça ne te gêne pas de me laisser seule aussi longtemps ? Je sors. 

Tous les vendredis, lorsqu’elle ferme la porte et que moi, après sept jours, je respire l’air extérieur, l’idée de ne pas rentrer resurgit. Pour n’importe qui, voler l’argent de la semaine, abandonner le portable et fuir serait facile. Mais, pour moi, ça ne l’est pas : à mesure que j’avance, je sens que sa présence devient écrasante et me poursuit, quelle que soit la distance qui me sépare de la maison. Alors, j’imagine la fuite : je commencerais à courir, cherchant désespérément à me perdre avant qu’elle ne parvienne à me traquer. Mais je sais que c’est impossible : elle a la capacité d’envahir tous les espaces de la ville où je me trouve. Faire demi-tour et recommencer, marcher la peur au ventre, cachée, nerveuse, comptant les billets sans pouvoir supporter son regard inquisiteur et sa voix répétant tu es une pauvre fille, une mauvaise fille, tu laisses ta mère seule et sans nourriture alors que tu sais qu’elle est malade, mauvaise fille, dans un écho sans fin qui me ferait culpabiliser et achèverait de briser mon corps en morceaux qu’elle ramasserait, assemblerait à sa guise et déposerait, sous la surveillance d’un nouveau cadenas, dans cette maison ultra-sécurisée qui n’ouvre ses portes que lorsque sa volonté le juge nécessaire. 

J’abandonne l’idée de la fuite et entre dans le supermarché. Je commence à faire les courses tout en regardant ma montre, je passe par le rayon hygiène toujours en observant l’écran du portable (il ne faudrait pas qu’elle ait appelé) et je m’arrête devant le rayon alcool pour faire des calculs. Vais-je pouvoir cette semaine lui acheter une bouteille de son vin préféré juste pour l’embêter et qu’elle ressente comme moi le poids de la tonne d’antidépresseurs avec lesquels elle se drogue et qui lui interdisent de boire de l’alcool ? Mais j’y renonce, laisse le vin à la caisse et paye le reste. Je n’aurais pas de monnaie. 

– Souhaitez-vous faire don des centimes ? 

– Non. 

Non, donnez-moi les centimes, car je veux croire que j’ai de l’argent et que c’est suffisant pour fuir, pour changer de ville, d’identité et ainsi éviter qu’elle me retrouve. L’anxiété d’affronter l’inconnu croit. Je compte : un, deux, trois, quatre, cinq, six… six centimes. Je les mettrai dans ma petite boîte. Si seulement ils avaient inventé ces petites pièces il y a vingt-cinq ans, quand tout cela a commencé. J’aurais peut-être assez d’argent aujourd’hui. Je les mets dans mon porte-monnaie et rentre à la maison en poussant le chariot contenant les sacs de provisions. Je souhaite que le chemin soit plus long pour ne pas rentrer, mais mes pieds accélèrent le pas parce qu’ils savent que le portable peut commencer à vibrer. Elle m’attend : les yeux collés à la fenêtre, le téléphone à la main. J’ouvre la porte, décharge les sacs. Elle passe l’arceau des cadenas dans chaque loquet. Elle me reprend les clefs et, moi, je retourne dans ma chambre. Je ferme la porte pour ne pas entendre ses plaintes. Le dernier mot que je parviens à entendre est ingrate qui ressort chaque fois qu’elle prononce mon prénom. 

Je voulus enlever le miroir de ma chambre, mais elle ne me le permit pas. Je lui donnai mes raisons, mais elle refusa de m’écouter, je décidai alors de le briser. Son désespoir lui fit faire une de ses scènes habituelles. Toutefois, pour la première fois, elle donna des coups de pied contre la porte et tenta de violer ma serrure avec une de ses clefs. Mais elle savait que c’était inutile, que j’étais parvenue à lui reprendre le seul double de la clef de ma chambre le jour où je décidai de m’y réfugier. C’était la meilleure chose à faire : m’enfermer dans ma chambre pour la voir le moins possible.  

La porte semblait ne pas pouvoir supporter plus de coups. Je déplaçai la commode et bloquai l’entrée. Puis je me regardai dans un des morceaux du miroir et redécouvris les changements que mon corps avait subis. J’étais fatiguée de voir les rides qui traversaient mon visage, la peau flasque, les cheveux blancs chaque fois plus nombreux, les poils au-dessus des lèvres, les sourcils désormais virils. Mes raisons étaient valables, je le lui répétai jusqu’à l’épuisement. Je déplaçai à nouveau la commode, ouvris la porte et jetai les morceaux de miroir à ses pieds. 

– Va-t’en. 

– Mais ma fille… 

Je m’enfermai de nouveau. De l’autre côté de la porte, elle commença à parler d’un ton conciliant. Elle ne le faisait plus dernièrement parce qu’elle savait que je ne lui répondrais pas. Avec les années, j’ai développé la faculté de ne pas lui prêter attention. Cependant, son esprit cherchant toujours la meilleure façon de me faire du mal, elle avait inventé un système pour me torturer même dans le seul espace dans lequel je pouvais l’éviter. Elle glissait quotidiennement sous ma porte des petits papiers avec lesquels elle me communiquait ce que je ne voulais pas entendre. Elle finissait toujours de la même façon : 

Que Dieu adoucisse ton cœur, ma fille, afin que tu sortes de cette chambre et reviennes auprès de ta mère. Tu sais que tu es la seule chose que j’ai, que tu es ma seule famille. Tu ne peux pas me laisser seule parce qu’il pourrait m’arriver quelque chose, je pourrais mourir. Je sais que tu n’es pas méchante comme ton frère, je sais que tu ne ferais pas ce qu’il a fait. Ne me traite pas ainsi, sois compréhensive avec ta pauvre mère. Je meurs d’envie de te serrer dans mes bras et que tu me prennes dans les tiens. J’en ai besoin, ma fille. Je ne peux pas être seule. Je prie Dieu qu’il t’adoucisse le cœur. Je t’aime énormément. 

Je devais lire chaque petit papier qu’elle glissait sous ma porte parce que j’avais peur qu’elle fasse vraiment quelque chose, que ce papier soit une lettre d’adieu et que je finisse par devoir vivre avec cette culpabilité. Elle n’était pas une personne normale. Elle avait toujours été dépressive. C’est pourquoi mon papa et son autre fils l’avaient abandonnée. Moi aussi je l’aurais fait, mais je n’ai pas pu. Elle limita mes sorties et décida quel allait être mon futur. Elle me culpabilisa de ses erreurs, et finalement m’imposa de rester à ses côtés pour prendre soin d’elle, affirmant que je le lui devais pour récompenser tous les sacrifices qu’elle avait faits. De plus, depuis toute jeune elle agissait comme si elle était handicapée, en prenant toujours l’excuse de ses nerfs fragiles. Elle se faisait prescrire ordonnance sur ordonnance – des anxiolytiques, des antidépresseurs et des médicaments pour des problèmes neurologiques, tout ça afin de me convaincre qu’elle était malade et qu’elle ne pouvait pas se débrouiller seule. Elle y parvint, et c’est la raison pour laquelle je suis toujours là. Mais je ne compte plus sortir de ma chambre. La serrer dans mes bras me dégoûterait et je serais submergée par la haine. La haine est le seul sentiment que je peux encore clairement percevoir.  

La vitre de la fenêtre de ma chambre est brisée. Comme le miroir, je l’ai brisée dans un de ces moments d’angoisse que j’ai fréquemment. La nuit durant laquelle j’ai cassé la vitre, par exemple, fut la première fois que je fis ce cauchemar qui à présent est devenu récurrent : je la vois sauter par la fenêtre et s’écraser sur le sol. Puis, surgit l’image de son corps désarticulé et commence même à se dégager la puanteur de la chaire en décomposition. Mais, quand je m’approche et m’attarde sur l’expression de son visage, je me rends compte qu’elle m’adresse un sourire satisfait. 

– Je t’ai un peu plus gâché la vie. 

Je me réveillai. Au début, j’étais comme groggy, légèrement endolorie. Je regardais le plafond sans pouvoir bouger. Puis un sentiment d’angoisse intense m’envahit et je voulus respirer de l’air frais parce que je m’asphyxiais. Je me retrouvai face à une fenêtre verrouillée avec un cadenas. Je donnai des coups de poing jusqu’à rompre une des vitres. Un peu d’air entra, mais cela ne suffisait pas. Je commençai à inspirer avec force comme si j’essayais de sortir l’air d’un respirateur artificiel. Cela me fit du bien. Lorsque je parvins à me calmer totalement, je remerciai ce cauchemar. Désormais, j’avais ce respirateur artificiel (que j’avais couvert d’un plastique transparent) chaque fois que nécessaire, surtout les dimanches où elle glissait une fois de plus la même note accompagnée des petites annonces de logement :

Regarde, ma fille, combien les appartements sont chers. Tu ne pourrais pas partir vivre ailleurs avec le coût élevé des services publics. Le pire c’est l’électricité, tu le sais bien. Je t’en ai noté quelques-uns pour t’en convaincre. Je t’aime, allez, sors un petit moment. 

Étaient surlignés en jaune des appartements qui m’étaient inaccessibles, la confirmation que j’étais condamnée à perpétuité à rester dans cette chambre, cette maison, avec elle. C’est à ce moment que je cherchais le respirateur artificiel, lui ôtais sa couverture et sortais le nez. J’étais soulagée. Mais ensuite j’ouvrais les yeux et haïssais cette source d’air, la fenêtre entière, car, au lieu d’étendre mon espace, elle le limitait. Cette fenêtre était sa représentation parfaite, le respirateur se révélait donc insuffisant. Une nouvelle fois prise de vertige, je me laissais tomber sur le lit le journal à mes côtés et les poumons complètement vides. 

4. 

Je me suis assise, adossée à la porte de ma chambre. Elle la frappe et crie. Je me rends compte qu’elle a brisé la bouteille de vin que je lui ai apportée, car le liquide rouge se répand sous la porte. Moi je me distrais en créant des figures avec les taches que laisse le vin sur le parquet. 

– Pauvre fille, je me suis tant sacrifiée pour vous inutilement. Quand je mourrai, tu te rendras compte à quel point tu as été méchante avec ta mère. 

Je touche les taches avec la main, les étire. Le liquide est absorbé par le bois tandis que je reçois ses cris, ses insultes, ses menaces. Et les petites taches s’étendent, m’enveloppent et me protègent, car, absorbée par elles, je n’écoute pas, je ne sens pas, je ne vois rien d’autre que sa couleur rouge sur le parquet. Je regarde cette forme qui se tord et se transforme, je lui demande à elle de se calmer parce que si elle fait quelque chose, j’en serais responsable et la responsabilité s’occuperait d’effacer toutes ces taches qui me divertissent en ce moment. 

– Mauvaise fille.

Elle cesse de frapper la porte. Puis j’entends qu’elle s’enferme dans sa chambre, située juste à côté de la mienne. Sa présence si proche m’oppresse. 

Je me lève et vais à la fenêtre. Le plastique tombe et l’air glacé entre. Ce n’est jamais assez pour moi, mais je ne me plains pas. Dans le respirateur artificiel me vint l’idée de commencer à compter. Quel âge a-t-elle ? Combien d’années lui reste-t-il à vivre ? Moi j’ai cinquante, cinquante-et-un, cinquante-deux, cinquante-cinq ans ? Alors elle doit avoir quatre-vingt-trois ans. Combien d’années vais-je devoir encore attendre ? Depuis que tu as eu quatre-vingts ans, je compte et je compte et je ne sais pas quand arrêter de compter, car le temps s’étire, l’attente se prolonge et rien ne m’indique que cela va se terminer bientôt. Le respirateur ne remplit pas son rôle. Je m’étouffe, et j’admets que tu as raison lorsque tu me traites de pauvre fille, de mauvaise fille, lorsque tu affirmes que je ne me soucie pas du tout de toi parce que, tous les jours, je souhaite qu’arrive le moment et je recommence à compter, je m’épuise et je m’étouffe. La fenêtre à la vitre cassée ne me sert à rien.  

À ce moment, je n’ai d’autre choix que d’ouvrir le tiroir où je range tous les petits papiers que tu glisses sous ma porte. J’en sors un que je conserve dans un endroit spécial, protégé, isolé, marqué, un qui peut encore m’offrir un futur malgré mes cinquante-six ans ? qui chaque jour me sont plus insupportables :

Ma fille, je voulais parler avec toi, mais tu ne m’ouvres pas la porte. J’ai parlé avec l’avocat et il m’a dit que probablement le reste de mon héritage sera bloqué dans la procédure judiciaire et les dettes de ton grand-père. Il ne m’a laissé aucun espoir sur le fait que moi, toi, ou ton frère puissions profiter de cet argent. De toute façon, pour l’instant nous ne manquons de rien, mais j’imagine que le jour où je mourrai, tu pourrais finir à la rue, car tu n’as même pas terminé les études que j’avais choisies pour toi et qui m’ont coûté tant de sacrifices. Comme je m’inquiète pour toi, même si tu ne le mérites pas, j’ai décidé de te désigner bénéficiaire de mon assurance vie. Avec cet argent, tu pourras faire quelque chose quand ta mère ne sera plus. J’ai laissé les papiers dans la valise blanche où je range les documents. J’espère que Dieu, la vierge et ses anges te protègent pour toujours. Je ne cesse de prier également pour que ton cœur s’adoucisse et que tu sortes voir ta mère, qui est seule en ce monde et n’a que toi. 

Le petit papier et moi prenons vie le temps d’un instant, nous nous faisons des illusions : lui en promettant, moi en ayant espoir. Soudain, nous l’entendons sortir de sa chambre et recommencer à donner des coups de pied dans la porte. Le papier me glisse des doigts et tombe sur la tache de vin qui est sous mes pieds. Il se noie. 

– Sors nettoyer, tu ne t’attends tout de même pas à ce qu’une vieille femme comme moi se brise la colonne en le faisant. 

J’ouvre la porte et je prends la serpillière qu’elle tient dans la main. Je me mets à genoux et ramasse les morceaux de verre. Elle supervise, me dit ce que je dois faire, me fait exécuter ses ordres. Moi je nettoie, je cire, je lustre et je compte, je compte, je compte… 

5. 

Deux jours sans qu’elle me glisse des petits papiers sous la porte, c’était rare. Alors je sortis, en prenant des précautions. Elle pouvait être en train de planifier quelque chose pour me forcer à sortir de ma chambre et me rendre vulnérable face à elle, sans porte, sans respirateur artificiel, sans petits papiers entre nous deux. Cependant, il n’y avait aucun bruit, la maison semblait vide. Je la cherchai à l’étage, elle n’y était pas. Je descendis les escaliers et la trouvai dans le rocking-chair du salon, immobile. Je m’approchai. Elle avait encore un stylo à la main. Sur la table basse se trouvait une note qu’elle n’avait pas fini d’écrire :

Ma fille, je ne me sens pas très bien ces jours-ci. Je ne t’ai rien dit avant, car je ne voulais pas t’inquiéter, mais si tu n’étais pas comme tu es et que tu faisais ce que tu dois faire, tu t’en serais rendu compte. Si je ne vais pas mieux demain, j’appellerai le docteur. J’espère que tu seras présente lorsqu’il viendra, parce que c’est ton devoir. Je sais que tu ne me laisseras pas seule, que tu m’aimes malgré ton sale caractère. Je ne sais pas ce que je t’ai fait pour que tu te comportes ainsi avec moi. En tout cas, j’espère que si je t’ai fait quelque chose, tu comprendras que j’ai toujours agi dans ton intérêt parce que je pensais que c’était la meilleure chose pour toi. Donc je sais que je n’ai rien fait de mal et je ne regrette rien… 

La note s’arrêtait ainsi et, même si elle avait continué, je n’aurais pas poursuivi la lecture. Je la pris et la mis dans ma poche pour la ranger dans mon tiroir. Puis je pris son pouls et ne sentis rien. Elle ne respirait pas non plus. Le stylo tomba de sa main pour me confirmer ce que je savais déjà. Le moment était arrivé d’arrêter de compter, de sortir, d’oublier. Je vis son trousseau de clefs. Elle le portait à la ceinture. J’eus du mal à la déplacer pour le sortir. La rigidité cadavérique poursuivait la mission qu’elle avait prévue pour moi depuis le jour de ma conception. Et moi je me battais, devenant un oiseau de proie qui avait besoin de sa dépouille pour survivre. Elle céda et, moi, je recommençai à m’étouffer, à essayer les clefs des trois cadenas de la porte. Celles-ci, également contre moi, glissaient, se trompaient, ne coïncidaient pas, jusqu’au moment où je parvins à les vaincre et rompre les verrous, les ongles cassés et les mains rougies. 

Je sortis. Je respirai profondément et me laissai envahir par les souvenirs afin de les laisser partir. Et, lorsqu’ils s’en allèrent, je me rendis compte qu’ils étaient la seule chose que j’avais, que les effacer me laisserait vide. Je regardai autour de moi et ne savais pas quoi faire, où aller, ni par où commencer. Alors je me souvins qu’elle répétait toujours que je ne devais pas me préoccuper de ce qui se passait en dehors de cette maison. Et moi, quand j’étais jeune, cela me révoltait, je voulais la frapper, la faire taire, la museler pour qu’elle arrête de le répéter. Les années passant, ce commentaire qui, avant, semblait un coup d’aiguillon cessa de me faire mal, de me déranger. Je ne le sentais même plus. Je comprends maintenant pourquoi.  

Traduction Nelly André

Relecture L’autre Amérique