Éditorial septembre 2021

L’Amérique centrale a fait une apparition fracassante dans les gros titres de la presse il y a peu avec les impressionnantes caravanes de migrants qui marchent vers les États-Unis. Ces déplacements de population invitent à s’intéresser à une région qui cherche désespérément à attirer l’attention de la communauté internationale.

Les problématiques centraméricaines ne viennent pas de nulle part. Elles sont la conséquence directe de l’histoire récente des pays de la région, qui a été ponctuée de nombreuses interventions étrangères. Par exemple, le coup d’État au Guatemala en 1954, orchestré par les États-Unis, contre le président élu démocratiquement, Jacobo Árbenz.[1] 

Après l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir, l’attention nord-américaine s’est déplacée vers le Nicaragua. En prétendant arrêter l’avancée communiste, le gouvernement nord-américain s’est mis à agir sur le destin de pays centraméricains en soutenant économiquement et militairement diverses factions, selon leurs intérêts du moment. Les bouleversements produits par de telles interventions ont influencé fortement l’œuvre des écrivains locaux. 

Nous pouvons citer les romans de l’écrivain salvadorien Horacio Castellanos Moya. Bien connu des lecteurs hispano-américains, il ne l’est pas moins des lecteurs français avec des titres tels que Le Dégoût, Le Rêve du retour, La Servante et le catcheur et Moronga. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il explique son rapport à l’histoire de son pays, à la mémoire et il nous éclaire sur les liens qui unissent ses romans. 

Beaucoup de personnages de Castellanos Moya se sont exilés au Mexique. Quelques-uns s’y installent et d’autres continuent leur voyage vers le nord. Nous avons voulu justement croiser les regards de Centraméricains et de Mexicains. C’est pour cette raison que nous avons trouvé pertinent d’interviewer l’écrivain mexicain Antonio Ortuño. Dans cet entretien, il nous a parlé de son roman La File indienne (2013), dans lequel il aborde le sujet de la migration centraméricaine à travers le Mexique.

Nous avons aussi entrepris un voyage à contresens, c’est-à-dire, vers le sud. L’écrivain guatémaltèque Javier Payeras nous donne un aperçu de la littérature de son pays. Lauriane Marécal, Française installée au Nicaragua, nous fait découvrir le pays dont elle est tombée amoureuse et où elle a monté son projet Otro mundo Nicaragua

La route continue vers le Costa Rica où Gustavo Solórzano prend le relais pour nous guider à travers la littérature costaricienne. Notre exploration littéraire de la région a pour terminus le Panama. L’exposé que vous lirez est l’œuvre de l’une des grandes personnalités culturelles au Panama, Edilberto González Trejos.[2]

Vous aurez deux guides pour vous accompagner dans votre voyage, Marie-Christine Seguin, spécialiste de la littérature et de la culture d’Amérique centrale, vous aidera à mieux comprendre les problèmes de cette région. Sarah Tlili, la plus mexicaine des Françaises, vous expliquera en détail les grands enjeux de la migration centraméricaine à travers le Mexique. 

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont contribué à ce numéro. 

Bonne lecture et un grand merci pour votre enthousiasme concernant la littérature latino-américaine !


[1] À ce sujet, nous vous conseillons vivement le roman Temps sauvages (Gallimard, 2021) de l’écrivain Mario Vargas Llosa où, sous le voile de la fiction, il raconte les détails qui ont suscité ledit événement. L’auteur montre également l’étroite relation entre plusieurs pays de la région comme le Guatemala, le Mexique, la République Dominicaine et les États-Unis.

[2] Écrivain et promoteur culturel au Panama. Fondateur du Festival Panamá Negro.