Horacio Castellanos Moya, La Mémoire tyrannique, traduit de l’espagnol (Salvador) par René Solis, Métailié, 2020, 320 p., 22 € [Tirana memoria, Tusquets, 2008]
Si le roman Le Dégoût est une bonne introduction à l’œuvre de Castellanos Moya, La Mémoire tyrannique permet de découvrir la famille Aragón, ou comme dirait Philippe Lançon[1], la comédie inhumaine des Aragón. Les références d’autres romans de l’auteur salvadorien, trouvent ici leur source principale.
Tout commence donc avec le coup d’État raté contre le dictateur salvadorien, le Général Maximiliano Hernández Martínez, surnommé le sorcier nazi. Cet événement finit par secouer la famille Aragón. Le patriarche, Pericles, journaliste et critique acerbe du régime, échappe à la sanguinaire vengeance du gouvernement contre les putschistes. À travers le journal de son épouse, Haydée, nous apprenons toutes les démarches entreprises par les membres de la famille pour le libérer. L’ironie du sort est que les Aragón ont un lien indéniable avec le régime à cause des postes qu’ils occupent dans l’armée.
Clemente, fils aîné de Péricles, et son cousin Xavier, ne peuvent pas être pris en compte dans la demande d’exonération, car ils ont participé directement à la conspiration.
Ils doivent en conséquence courir de cachette en cachette pour essayer d’avoir la vie sauve.
Alors que le régime du sorcier nazi fait disparaître et exécute les opposants, la violence décrite n’est pas aussi féroce que celle qui viendra après, quand l’opposition civile prendra les armes à l’encontre du gouvernement.
Luis Samaniego
[1] « La comédie inhumaine » est le titre d’un schéma de Philippe Lançon où il présente une correspondance entre les œuvres de Horacio Castellanos Moya. Ce schéma se trouve dans la l’édition de La mémoire tyrannique, Métailié