Le Nicaragua est un pays d’Amérique centrale, coincé entre le très connu et réputé Costa Rica et le Honduras, pays à la mauvaise réputation. C’est un pays ambivalent et déroutant. Ici la misère côtoie l’extraordinaire.
Il offre une diversité naturelle et culturelle incroyable.
Il y a des volcans actifs par dizaines. Le volcan Masaya est mondialement connu pour son lac de lave. C’est hypnotisant d’observer la lave rouge bouillir à quelques centaines de mètres sous nos pieds. Le Cerro Negro est le plus jeune volcan d’Amérique Centrale. Il est d’un noir profond, nu de toute végétation. Il est le seul volcan à pouvoir être descendu en luge. Sensations fortes garanties ! Le Mombacho possède une forêt humide en son sommet : la faune et la flore sont donc les mêmes que celles de la jungle. Pour les plus attentifs, il est possible d’y observer des paresseux ! J’ai eu la chance d’en voir. Je me souviens de mon excitation et de mon bonheur. Le San Cristobal, avec ses 1745 mètres d’altitude, est le plus haut volcan du Nicaragua.
Au nord du pays, dans les montagnes, le climat est plus frais, plus respirable. Matagalpa, Jinotega, San Rafael del Norte, Ocotal, … autant de villes d’altitude où il fait bon vivre, entourées de forêts de pins. C’est le paradis des randonneurs, des amateurs de cigares et de café. Impossible de venir au Nicaragua sans goûter son café (à déguster avec des rosquillas, biscuits traditionnels nicaraguayens). Il est très apprécié pour son goût puissant et profond. Les cigares aussi ont bonne réputation.
Le pays regorge de lagunes aux eaux à 30 degrés (Laguna de Apoyo, del Tigre, …), de plages à couper le souffle sur la côte Pacifique (Playas Popoyo, Hermosa, Las Penitas, etc.), d’eaux cristallines dans la mer des Caraïbes (Laguna de Perlas, Islas del Maïz, …). Les couchers de soleil au bord de l’océan sont merveilleux. Les couleurs orange, violet, rose et rouge se battent dans le ciel pour nous laisser sans voix.
Le Nicaragua, c’est aussi une nature luxuriante. La région du Rio San Juan est encore préservée et il est possible d’y observer une multitude d’animaux et de plantes rares (toucans, singes, félins, crocodiles, tortues, serpents, batraciens, insectes, orchidées, etc.). Les cultures de café mondialement reconnues sont donc présentes dans le nord du pays mais aussi dans la zone du Pacifique, département de Carazo, où je vis.
Et comment parler du Nicaragua sans mentionner son île unique au monde : l’île d’Ometepe. Elle se trouve au centre du lac Cocibolca, le troisième plus grand lac d’Amérique latine. Cette île a été formée par deux volcans (le Concepcion et le Maderas) et possède son propre écosystème. Il faut prendre le temps, encore plus que sur le continent. Il faut lâcher prise pour profiter de ses mille richesses : ses deux volcans, ses animaux sauvages, son isthme où il est agréable de faire du kayak, ses piscines d’eau naturelle (Ojo de Agua), ses fermes de café, bananiers et autres arbres fruitiers.
Le Nicaragua, c’est aussi une diversité culturelle impressionnante pour un si petit pays. Il existe encore quelques peuples indigènes (les Miskitos, les Garifunas, les descendants de Monimbo et Subtiaba, entre autres) qui ont leur propre langue, traditions, culture, mais qui tendent petit à petit à disparaître.
Impossible de parler de ce pays sans mentionner les magnifiques villes de Léon, Granada, Masaya, vestiges de la colonisation espagnole. Villes coloniales, aux maisons aux mille couleurs, aux rues pavées, aux parcs colorés… Il faut s’y promener, se perdre dans les ruelles, dans les marchés pour découvrir l’essence même de ces villes.
Bref, c’est une invitation au voyage hors des sentiers battus.
Et que dire de ses habitants ? D’un premier abord un peu farouches et méfiants, les Nicaraguayens, une fois la discussion engagée se plieront en quatre pour vous montrer le meilleur de leur pays. Ils sont accueillants et au grand cœur : ici la solidarité fait partie de leur culture.
Il y a 3 ans et demi, quand j’ai posé le pied la première fois au Nicaragua jamais je n’aurai imaginé y vivre et y monter un projet. Et pourtant, entre janvier et mars 2018 j’ai découvert : « beaucoup » de touristes, des bars et restaurants pleins, un tourisme et donc une économie florissante. Et en avril 2018 tout a basculé. J’étais là. J’ai connu pendant 3 mois les manifestations, les barrages routiers, les attaques de paramilitaires sur les manifestants, les bruits des balles et des bombes. J’ai vu le pays sous son pire aspect.
Et pourtant mon cœur avait décidé que j’y monterai mon projet pour personnes en situation de handicap dont je rêvais depuis des années.Et je fais confiance au futur. J’ai rarement vu un peuple qui, malgré les coups, se relève, garde le sourire et ressort plus fort. Face à l’adversité, ils combattent, changent de stratégie et se réinventent. J’ai beaucoup de respect pour eux.
C’est donc après plusieurs aller-retours France – Nicaragua que j’ai décidé de m’y installer en septembre 2019 pour y vivre, et surtout monter mon projet.
J’ai dû oublier beaucoup de mes réflexes d’européenne. J’ai dit au revoir aux horaires, au tout confort, au « tout instantané ». J’ai appris à ralentir, à vivre plus simplement et j’ai aussi découvert la débrouille. Un de leur mantra pourrait être « Il n’y a jamais de problème, que des solutions. » Et c’est vrai. J’ai appris à relativiser énormément de choses.
Ce pays met à l’épreuve ses habitants très tôt. Nombre d’enfants doivent travailler très jeunes pour aider leur famille à gagner de l’argent. Certains vont à l’école le matin et travaillent dans la rue ou au marché l’après-midi. Le gouvernement est rude et ne les aide pas.
J’ai beaucoup changé, beaucoup mûri en vivant ici. Parfois encore, deux ans après, je me réveille en me posant la question « Pourquoi suis-je venue ici, dans ce pays lointain, loin de mes habitudes, de mes proches ? ». Et cette question je me la suis encore plus posée avec la crise du Covid en 2020 et avec les élections qui arrivent en novembre 2021.
Cette crise du Covid gérée de manière désastreuse par le gouvernement (négation de la maladie, oppression des médecins révélant la réalité, organisation d’une marche « Paix et amour en temps de Covid ») a encore une fois montré la force du peuple nicaraguayen : chacun a pris de manière autonome les mesures nécessaires et aujourd’hui, le Covid existe bien sûr dans le pays, mais le niveau de contagion reste faible et il y a un semblant de vie normale. L’économie a été très durement touchée, le secteur touristique souffre énormément, mais les Nicaraguayens ne se laissent pas abattre. Et maintenant à l’aube des élections, qui, nous le savons déjà, seront une gigantesque mascarade, je me demande plus souvent pourquoi j’ai décidé de tout laisser en France pour venir au Nicaragua.
Mais quand je me réveille au milieu de la nature, au milieu des oiseaux, des arbres fruitiers, dans une maison, sur mon terrain qui sera très prochainement le centre d’accueil pour enfants et adultes en situation de handicap, je sais pourquoi je suis venue ici.
J’y suis pour réaliser mon rêve de petite fille. Monter une ferme pour aider les personnes en situation de handicap. Je crois que j’ai cela dans les gênes. C’est ma vocation. Et le pays manque cruellement de projets de ce type. Évidemment j’imaginais le monter en France. Mais lors de mon premier voyage en 2018, le Nicaragua m’a appelé. Sans pouvoir l’expliquer. Je savais au fond de moi que je devais monter mon projet ici. C’était comme une évidence. Il a vu le jour il y a un an et se construit petit à petit. Il s’appelle « Otro Mundo – Nicaragua » et c’est une aventure aussi magnifique que difficile, mais j’ai été épaulée par un ami de confiance nicaraguayen dès le début.
Nous travaillons maintenant main dans la main, de manière complémentaire.
Il y a encore tout à faire, mais nous avançons petit à petit, toujours avec pour objectif d’accueillir d’ici peu nos premiers bénéficiaires en situation de handicap et leur famille pour leur apporter un accompagnement adapté, des soins et du soutien.
Alors aujourd’hui je peux vous dire que j’aime le Nicaragua de tout mon cœur. Chaque jour j’en apprends davantage sur ses coutumes, son mode de vie et je change, je grandis et je suis heureuse. Heureuse de pouvoir compter sur des amis nicaraguayens pour monter ce projet qui n’est désormais plus seulement le mien. J’apprends auprès d’eux quotidiennement sur les animaux, les arbres, la vie nicaraguayenne. J’apprends à profiter de la nature qui nous entoure. J’apprends à prendre le temps. Le temps d’observer les animaux sauvages, le temps d’observer le ciel étoilé qui est incroyable ici, le temps d’apprécier les couchers de soleil.
Parfois je déteste le Nicaragua pour son éloignement avec la France, pour sa gestion catastrophique de l’environnement, pour la misère qui est omniprésente, pour les conditions catastrophiques de la prise en charge des personnes en situation de handicap.
Et pourtant quand je le quitte quelques semaines, le Nicaragua me manque. C’est un pays qui ne laisse pas indifférent. Chaque voyageur que j’ai rencontré a aimé ce pays: pour ses habitants, sa nature, son authenticité.
Il m’est difficile de résumer mais une chose est certaine : mon projet « Otro Mundo – Nicaragua », mon projet de vie a sa place ici, car travailler avec des personnes en situation de handicap, c’est comme vivre au Nicaragua : c’est souvent dur mais c’est surtout extraordinaire. Et rien n’est plus beau qu’une vie extraordinaire.
Pour en connaître plus sur mon projet et me suivre dans son avancée :
Pour en connaître plus sur mon projet et me suivre dans son avancée :
– Téléphone/WhatsApp : +505 7634 8503
– Mail : otromundonicaragua@gmail.com
– Instagram : @otromundonicaragua
– Facebook : @otromundonicaragua
Lauriane Marécal