La rivière d’Ie de Doris Moromisato traduit par Barbara Mauthes

Doris Moromisato est née en 1960 à Chambala, non loin de Lima, de parents originaires de la préfecture d’Okinawa. Elle est donc ce qu’on nomme une nikkei. Ce mot japonais signifie littéralement « d’ascendance japonaise ». Il désigne les descendants nés hors du Japon, de Japonais émigrés. Moromisato a publié des recueils de poèmes sur le thème de son enfance, de la nature et de la féminité, comme Chambala era un camino (Chambala était un chemin, 1999) ou Diario de la mujer es ponja (Journal de la femme éponge). Elle est également l’auteure de deux nouvelles :  El riachuelo de Ie (La Rivière d’Ie [1], 1990) et La misteriosa metáfora de tu cuerpo (La Mystérieuse métaphore de ton corps, 1993). Elle conduit par ailleurs des recherches dans le domaine de l’histoire des femmes nikkei au Pérou. Aucun de ses écrits n’a été traduit en français jusqu’à présent. C’est pourquoi je propose ici une traduction de sa nouvelle El riachuelo de Ie qui illustre très bien son attachement à l’histoire de ses ancêtres okinawaiens et son souci de faire vivre, dans son écriture, la culture nikkei.   

Barbara Mauthes

[1] Note de la traductrice : Le nom de l’héroïne de la nouvelle est « Ie », composé d’un « i » et d’un « e », à prononcer « ié » et non comme l’article défini masculin « le ».

 
La rivière d’Ie

Au petit Kenji,

que ce récit a précédé,

et à Martha Meier

Le petit rouge-gorge se posa sur une branche, alors qu’un ver luttait dans son bec pour se libérer de ce piège mortel. Le vent agitait les arbres dans un sens puis dans l’autre. Très sûr de lui, l’oiseau se laissait entraîner par le rythme de ce mouvement, lorsque, soudain, il prit son envol et se mit en route pour son nid. Agitée par un battement d’ailes, une feuille se détacha et s’en fut tomber sur la tête d’Ie qui, allongée, observait la scène en mordillant une petite tige de canne à sucre. À ses côtés, Sumitsu saisissait de la terre dans ses mains, pour la laisser retomber distraitement ensuite, entre ses doigts écartés.

– C’est injuste, murmura Ie.

– Que l’oiseau dévore le ver ? rien de plus naturel au monde, répliqua rapidement Sumitsu.

– Non, la sécheresse, poursuivit Ie-, la sécheresse qui frappe nos terres depuis des années. Akamichi n’est plus que poussière et désolation, les gens fuient vers d’autres villages dans l’espoir de travailler aux champs, de combler la faim qui affaiblit leurs corps, mais ils ne découvrent que des villages aussi tristes et désolés que le nôtre. Il y a peut-être quelque chose que je puisse faire ?

– Rien, à part suivre leur exemple, répondit Sumitsu avec apathie. Bientôt ta famille et la mienne devront laisser ici leurs lopins de terre, mettre tout leur bien de valeur dans des sacs et abandonner la maison où nos parents nous ont donné la vie. C’est aussi simple que ça, à moins que… tu veuilles périr par amour pour ta terre, et il sourit ironiquement à la jeune fille.

Ie, se sentant soudain très seule, insista :

– Il doit y avoir quelque chose que je puisse faire…

Tous deux se mirent debout et ne se rendirent pas compte que la feuille tombée de l’arbre était déjà séchée par le soleil de l’été ni que l’un d’eux, en se mettant en route pour leur foyer, l’avait écrasée dans un crépitement.

Akamichi : chemin rouge. Jadis ses champs étaient verts, ses arbres étaient hauts et forts et le riz germait et mûrissait sous les simples rayons de la lune. Les enfants succédaient à leurs parents comme le jour à la nuit. Ses chemins n’allaient pas bien loin, aussi s’entrelaçaient-ils. Et l’horizon finissait où naissait l’Ishiyama, le sommet le plus élevé de l’île.

Dans la demeure d’Ie, le vieux père rangeait, un à un, les objets de la famille et retirait avec une minutieuse patience la poussière des tablettes sacrées. En nouant la dernière couverture, il tourna les yeux vers sa toute jeune fille qui, agenouillée avec une grâce extrême, regardait fixement à travers la fenêtre, vers les hauteurs du ciel qui commençait à s’assombrir. Il observa son corps, le vit pareil à un tendre et frais bambou en pleine nuit, la lueur de ses yeux brillait comme le reflet du soleil dans l’eau de l’étang. L’inquiétude, telle une mouche posée sur la tête d’Ie, devenait visible aux yeux du père qui, sans pouvoir l’éviter, interrompit ce moment profond :

– Ce n’est pas de ta faute, ma fille. L’Ishiyama nous protège du vent du nord-ouest lorsque celui-ci déchaîne son implacable furie sur d’autres villages. Son majestueux corps nous empêche de voir la mer pour nous préserver de l’ambition. À présent il repose, mais il nous a fait tant de bien. Les eaux limpides coulaient dans ses rivières jusqu’à nos lèvres, les pâturages frais nourrissaient nos bœufs et les rendaient forts sous le joug. Oui, Akamichi était verte et ses chemins rouges…

Il chercha des yeux sa Ie bien-aimée, mais il rencontra d’abord les paquets prêts pour le voyage. Soudain, son visage se fana et sa voix exaltée se rasséréna.

– Mais tant d’années ont passé depuis lors. Tu n’étais qu’une enfant, tu te perdais par les montagnes et te confondais avec la boue. Et pourtant, maintenant, même la pluie nous trouve indignes d’elle – et une larme se mit à sillonner, toute tremblante, une de ses larges rides.

La jeune fille, consternée, réussit à enfermer sa colère dans son poing jusqu’à l’apaiser et, ouvrant les doigts un à un, elle demanda avec une profonde humilité :

– Existe-t-il, père, un mystère que tu me caches, par peur de la vérité ? Si je ne suis pas en mesure de la comprendre, fais-le-moi savoir. Ce matin même, j’ai vu un oiseau qui dévorait un ver. Avec quelle indifférence ai-je assisté à l’exécution ! Mais j’ai pensé : ce pauvre ver doit mourir, car en mourant il donnera vie à d’autres êtres, c’est la loi et, cependant, il serait plus juste qu’il connaisse l’utilité de sa mort, peut-être qu’ainsi il n’aurait pas résisté à son noble destin ni tremblé comme je l’ai vu trembler. Je me repens à présent de ma cruauté… et sa mort me fait tant de peine.

Levant le regard, elle demanda avec une grande fermeté :

– Qu’est-il arrivé au sommet de la montagne pour que l’eau ne coure plus à nos pieds ?

L’ancien, pressentant que la nuit tombait sur les prés asséchés, sut que le moment était venu de partager sa profonde tristesse :

– Pas plus que l’Ishiyama tu n’es coupable de ce qui échappe à notre volonté. L’histoire de la montagne est fort brève, bien qu’épais le mystère qui l’entoure. Les anciens du village disent que les îles du sud, répertoriées sur les cartes comme la queue ténue d’un grand Empire, décidèrent de maintenir, malgré tout, leurs coutumes, leurs langues et même leurs dieux. Akamichi se trouve dans ces îles et c’est la raison pour laquelle la déesse Amateratsu, offensée par cet impair et jalouse de ne pas être vénérée, assécha la plus grande source du sommet de l’Ishiyama. Elle maintient posté là, depuis de nombreuses années, le gigantesque spectre du plus fier guerrier des antiques dynasties, qui souffle et fait fuir la brume afin qu’elle n’ose pas se poser sur le sommet escarpé et n’ait encore moins l’audace de se changer en eau. L’escalader est presque impossible, ses rochers sont pointus et, comme son nom l’indique, la tristesse qui y règne suffirait à anéantir l’être le plus courageux. Je doute beaucoup que toi, jeune fille, tu réussisses à l’atteindre.

– Un instant, père, répondit Ie en se redressant, je dois donc penser que devant les desseins divins qui pèsent ainsi sur nos vies, il ne nous reste qu’à chercher refuge sous d’autres cieux plus pacifiques et moins oppresseurs ? Devons-nous être condamnés à l’errance sur la terre, incapables de demander la pluie, d’éviter la mort injuste d’un ver, incapables d’empêcher que la vie soit dévorée par la mort ? Mon père, pardonne-moi – et elle se remit à genoux –, mais tant d’angoisse torture mon âme et si tu ne vois pas de pleurs couler sur mes joues c’est là la dure preuve de ma bravoure. J’aime cette terre, tu le sais bien, mais mon amour ne peut se nourrir de ce qui périt chaque jour. Peut-être ne suis-je pas la personne la plus capable, mon corps n’est pas celui du chêne indestructible sous l’orage, mais je sens que c’est moi, père, qui dois atteindre la montagne…

Pour éviter la brûlure du soleil, Ie s’en va à la nuit tombée, le jour suivant. Elle pose un pied ferme sur le sol, s’efforçant de ne pas glisser sur la pente et tente, dans l’obscurité, de suivre la route que son père lui a montrée. Elle regarde autour d’elle et ne la trouve pas. Elle se rend compte qu’elle est perdue lorsqu’elle découvre que le vent, depuis un moment déjà, souffle toujours de la même manière sur son épaule gauche. Tremblante, effrayée, elle enfonce ses genoux dans le sol et, mains jointes, entend un hibou au loin qui répète, comme un écho, le gémissement languide jaillissant de sa poitrine. Où ? Par où continuer puisqu’il n’existe pas de chemin ? Elle se met à se remémorer, le corps toujours plié, la lune sur les semis, et le pas las de son père de retour au foyer résonne à ses oreilles. Ie apaise ses pleurs quand, enfin, elle se répond et parvient à remplir la nuit de sa voix :

– La seule route est celle que j’ai dans le cœur…

Néanmoins, de temps à autre, elle ne manque pas l’occasion de lancer une chenille, une plante sèche, ou toute autre petite chose, par-dessus son épaule. Elle sait que la gravité sera sa meilleure alliée : tant qu’existera une force qui attire tout en arrière et la pousse en avant, elle saura qu’elle est sur la bonne voie.

L’âme fortifiée, la jeune fille continue son voyage. Elle tâte du pied une à une les pierres qu’elle trouve sur son chemin, elle se préserve des insectes et des reptiles qui la regardent d’un œil jaloux, elle écarte les ronces de ses mains et une épine imprévue arrache le premier cri d’entre ses lèvres. Tout à coup, elle se rend compte que, bien qu’elle ne ressente aucune fatigue, la nuit est tombée depuis de longues heures. Consternée, elle comprend que personne, à cette altitude du monde, n’a vu l’instant où le jour se détache de la nuit et qu’elle doit aussi fermer les yeux, car ainsi seulement la lumière du jour sera neuve et non plus la suite de la précédente lumière. Elle décide de prendre du repos dans une petite grotte qu’elle trouve sur son chemin. Là, entourée de la rumeur de milliers d’insectes et du hurlement fier d’un loup lointain, elle s’abandonne au sommeil.

Dans le lac Kyan, les rayons du soleil se posent sur la surface des eaux et explosent en mille fulgurances. Quant à Ie, elle chante joyeusement avec les autres pêcheurs, car les paniers sont pleins et le travail atteint son apogée. Soudainement, l’obscurité s’empare du soir et un vent étrange se met à souffler. Un être monstrueux émerge des eaux agitées et dans son immense bouche une langue rouge danse, telle un serpent, annonçant la ruine d’Akamichi, parce qu’elle ne vénère pas la perle, l’épée et le miroir, et qu’elle ne sert pas le seul et unique empereur de ce vaste royaume, depuis la steppe froide couverte de pins verts jusqu’à la mer agitée aux conques cachées. Puis l’horrible apparition souffle sur le lac et les pêcheurs tombent un à un

de leurs barques, les poissons sont rendus aux vagues et Ie est rejetée contre les rochers, son épaule fracassée, alors que son cri, comme un ultime signe de vie, ébranle son cerveau. Baignée de sueur, elle s’éveille. En se redressant elle découvre que les pointes de quelques cailloux lui avaient servi de couche durant cette longue nuit.

Le jour commence à filtrer par l’entrée de la grotte, l’opacité se dissout, cède face à la lumière et, peu à peu, l’image de son propre corps est rendue à ses yeux.

À mesure qu’elle avance, l’air se fait plus dense, plus froid, mais elle ne trouve pas trace de brume. Elle se rappelle alors les paroles de son père : « quelqu’un là-haut fait fuir la brume de son haleine puissante… ». Elle est saisie de crainte, mais doit continuer aussi haut que ses forces le lui permettront. La côte presque gravie, elle décide de s’arrêter et de se reposer. De son petit sac elle sort un morceau de miso enveloppé de riz blanc et boit un peu d’eau. Et comme cela ne suffit pas à calmer sa faim, elle met une nouvelle fois la main dans le sac, mais découvre que sa musette est presque vide. Avec tristesse, elle comprend qu’elle ne reviendra jamais au village. L’envie de pleurer trouve refuge dans ses deux petits yeux et quelques larmes commencent à jaillir, silencieusement, devant l’immense solitude de ce paysage. Pourtant, elle se donne assez de courage pour contempler la plaine :

– D’ici, le calice moribond d’un arbre semble être le caprice sépia que le peintre a placé sur sa toile, l’école est une petite boîte d’allumettes abandonnée et le lit sec de la rivière le vieux chemin des vers à soie sur les feuilles de mûriers. Comme tout est infini et vaste vu d’ici, depuis les hauteurs ; les formes abandonnent leurs prisons jusqu’à se fondre les unes dans les autres, presque sur le point de s’envoler… Et elle tend la main, dans une tentative pour attraper un poisson jaune, un énorme moine en forme d’éventail, un ver de terre sur le groin d’un porc.

Sur ces mots, elle achève d’engloutir le dernier morceau de sa boule de riz.

Faible et épuisée, elle atteint enfin la cime de la montagne et se met à trembler face à sa rencontre prochaine avec l’énorme guerrier, mais elle ne trouve qu’un pauvre vieil homme, en guenilles et mort de froid, qui tente de se réchauffer les mains devant un petit foyer. Ie s’approche pour mieux l’observer et, écrasée par le poids du doute, se décide à l’interroger :

– Vieillard, peux-tu me dire ce que tu fais en ce lieu si éloigné des hommes ?

– Salut à toi, jeune fille, qui que tu sois, répond le vieillard indifférent, sans même prendre la peine de la regarder. Je ne crois pas que cela t’intéresse beaucoup de savoir ce que je fais ici, seul et plongé dans l’ennui, à perdre mes meilleures années comme un idiot.

– Je crains de devoir te dire, répondit doucement Ie, que ta présence en cette montagne m’importe plus que tu ne l’imagines. Comme toi, moi aussi je laisse ma jeunesse sur ce sommet. Dis-moi, je t’en prie, comment tu es arrivé ici…

– Bien alors, si tu n’as rien de mieux à faire que d’écouter ma ridicule histoire, j’accéderai à ta requête, ne serait-ce que pour donner de l’exercice à mes mâchoires engourdies par ce maudit froid… Il y a de cela beaucoup d’années, de très honorables messieurs me demandèrent de disperser la brume qui toujours s’accumulait sur ce sommet, ils disaient que cela gênait les habitants de la vallée…peut-être bien, qui sait, je n’ai jamais examiné ni compris leurs raisons, mais on me payait bien, aussi me suis-je contenté de faire le travail.

J’étais très jeune, fort et mes deux mains suffisaient à faire naître le vent. Un jour, soudain, ils cessèrent de me payer et ne se souvinrent plus du tout de moi. Perdus mon coquet salaire et mes forces d’antan, je décidai de cesser le travail. Tu sais toi à quel point il est ridicule de travailler gratuitement pour les autres aujourd’hui. J’ai voulu rentrer dans mon village, mais comme tu le vois, je suis condamné à vivre ici pour toujours, sans autre compagnie que mon petit feu, car les ans m’ont fait oublier le chemin du retour vers mon foyer. Mais… rien d’étrange dans tout cela, jeune fille. Pense que même la brume oublie sa route et que, même si je ne l’agresse plus, elle ne passe plus par ici…

– Sais-tu qu’en bas on parle de toi avec un respect mêlé de crainte ? lui demanda la jeune fille.

– Bah, quelle bêtise ! qui craindrait un pauvre vieillard dépenaillé ?

– Même les mythes vieillissent, pensa Ie, mon père ne l’a jamais soupçonné, ni les anciens du village

Très faible, elle se dirige vers la source principale et la trouve complètement tarie. Fatiguée, elle passe une main sur son visage et comprend qu’il y a quelque chose de différent en elle : elle a vieilli. Le cœur plein d’affliction, elle pense à tous ces visages qui vieilliront comme le sien, là-bas au pied de la montagne, sans connaître l’eau, son tendre et transparent pouvoir sur les sillons, ni comment son corps est malléable quand deux mains la tiennent au creux de la magie des doigts. Sereine, elle prend place au centre de la source. De là, elle contemple les étoiles et sent son corps s’inonder d’obscurité. Doucement, elle étend ses chairs, encore tièdes, sur la terre sèche. Et, dans un ultime acte d’amour, elle saisit sa langue entre ses dents et mord fermement, sans laisser ses forces l’abandonner. Lentement, un filet de sang commence à se dessiner à la commissure de ses lèvres et poursuit sa route, en silence, à travers la nuit.

Un ruisseau rouge descend, lentement, marquant la route que Ie a prise dans son cœur, baisant chaque trace qu’elle a laissée sur le chemin, parcourant la grotte qui lui avait rappelé sa peur, mouillant les miettes qui tombèrent de son humble sac et qu’une fourmi n’a pas voulu recueillir sur son trajet. La nuit aussi se fit aussi longue que cette fois où elle confondit son destin avec celui de la lumière. Sur son passage, les pierres se retirent mystérieusement et les fleurs épuisent leur maturité précipitée, les petites chenilles se regroupent toute sur un côté pour contempler cette mer rouge qu’elles ne parviennent à comprendre, les loups hurlent, rendus méfiants par l’étrange odeur qui flotte jusqu’à leurs naseaux, le hibou observe, tranquillement depuis une branche, les évènements, l’incroyable nuit qui lui incombe de vivre. Et, à l’instant précis où les ténèbres se font lumière, le sang d’Ie, navigant follement toujours plus bas vers la vallée, adoucit la couleur de son courroux pour la changer en la transparente pureté de son amour.

Au printemps, une feuille se détache de la branche, secouée par un petit rouge-gorge qui se met en route pour son nid, et tombe, timidement, dans un des fossés d’irrigation d’Akamichi. Le vent la berce sur l’eau et le frais courant la porte jusqu’aux rizières et aux plantations de cannes, où les paysans chantent joyeusement en pleine récolte de mai.

Doris Moromisato

Traduction Barbara Mauthes


[1] Note de la traductrice : Le nom de l’héroïne de la nouvelle est « Ie », composé d’un « i » et d’un « e », à prononcer « ié » et non comme l’article défini masculin « le ».