El tiempo de las Amazonas, Marvel Moreno, Alfaguara, 2020 [Inédit en francais]
Le temps des amazones[1] est un livre qui se lit comme on fait l’amour. D’une traite, sans respirer, Marvel Moreno nous amène dans un monde de couleurs où les sens sont exaltés, où la vie n’est jamais ni noire ni blanche mais toujours passionnée, subtile, dure, joyeuse et alléchante.
À travers le portrait de femmes, c’est l’histoire d’un mélange de cultures qu’elle nous raconte. Dans le Paris des années 1970, elle nous dévoile la Colombie ; dans la vie de ces femmes latino qui cherchent à s’adapter, à s’améliorer, à grandir et parfois simplement à survivre, c’est toute une époque qui se dévoile. Une époque où les femmes décident qu’elles en ont marre de passer derrière. Qu’elles en ont marre d’être les femmes de, les filles de, les mères de.
Parce qu’elles cherchent leur liberté avant tout, leur plaisir et leur indépendance, parce qu’elles se cherchent elles-mêmes, ce livre est un hymne à l’existence et à la quête inlassable de soi-même. Au fil de ces histoires douces et amères, hautes en couleur, parfois violentes et sans concessions et puis douces, sans transition, Marvel Moreno nous raconte les combats ordinaires de toutes ces femmes. Les inlassables combats, patients à l’extrême, éclatants de courage.
Assoiffées d’elles-mêmes et rugissant pas à pas dans une lutte qui ne sera peut-être jamais complètement gagnée, ces amazones d’il y a cinquante ans parlent un langage qui reste jeune et actuel. Marvel Moreno dresse un portrait cru et subtil de femmes exaltées, humiliées, reconnues et puis déchirées à nouveau, qui avancent, sans jamais lâcher.
Puissions-nous les écouter, apprendre d’elles, nous découvrir avec elles et goûter comment, à travers leur quête de plaisir et de liberté, ce n’est que nous-mêmes que nous cherchons à goûter.
Saskia Velasquez-Verschuur
[1] Notre traduction du titre.