Pilar Quintana, La Chienne, traduit de l’espagnol (Colombie) par Laurence Debril, Editions Calmann-Lévy, 2020, 128 p. [La perra, Random House, 2019]
Dans un village colombien au sable noir de la côte Pacifique, à la lisière d’une jungle luxuriante et hostile, on suit le parcours de la jeune Damaris. Depuis toujours, elle surmonte maintes épreuves : enfance difficile, naissance dans une famille pauvre, manque d’éducation et traumatismes divers. Damaris, veut devenir mère. Hélas, elle est stérile. À défaut d’avoir un enfant, elle adopte une chienne qu’elle appelle Chirli et elle met toutes ses frustrations de mère dans cet animal en l’élevant comme son enfant.
Tant au village qu’au sein du couple formé par Damaris et Rogelio, il se joue des conflits définis par les désirs inassouvis et les conditions socio-économiques. En même temps, Pilar Quintana appréhende les subtilités de l’environnement, de la nature en mouvement, telle la puissante marée, « animal maléfique qui avalait et recrachait les gens », mais il s’agit, surtout, de cette chienne impulsive, Chirli, qui part et revient quand cela lui chante au grand désespoir de sa propriétaire. L’autrice donne une grande importance à la nature indomptable. La précision de ses descriptions est due au fait qu’elle a vécu elle-même dans ce coin de la côte Pacifique.
Pilar Quintana, dans ce roman réaliste et cru, raconte l’histoire d’une femme blessée dans sa chair. Damaris fera de son mieux face à l’adversité dans une Colombie où la maternité a une place majeure et où la violence des jugements est quotidienne.
Cyrille Briquet