La vida alegre de Daniel Centeno Maldonado par Claudia Cavallin

Daniel Centeno Maldonado, La vida alegre, Penguin Random House, 2021 [Barcelona/Venezuela. Inédit en français]

Version en espagnol

© Penguin Random House DR

Lorsque nous pensons à l’idée d’un pendule, nous imaginons immédiatement ce mouvement de va-et-vient qui ne s’arrête jamais. Cette sphère attachée à un fil qui se déplace entre deux points nous permet de nous connecter en permanence à deux extrêmes opposés ou à deux façons d’appréhender ce qui se passe à des moments distincts. Le roman La vida alegre de Daniel Centeno Maldonado est un pendule littéraire qui fonctionne de la même manière, comme si nous cherchions cet équilibre entre deux façons d’exister. Notre regard de lecteur va d’un endroit à l’autre de manière tangentielle. La trajectoire tracée nous permet d’être témoin de la vie des deux personnages principaux : le vieil homme, Dalio Guerra (le Rossignol des Amériques) et le jeune Policarpo Figueroa (Poli), tous les deux chanteurs, tous les deux souffrant de manques provoqués par l’ absence. Malgré leur différence, une jeunesse gâchée avant l’heure et la routine d’une vieillesse bâillonnée, ils sortent fortifiés grâce à leur union dans un langage universel : la musique.

La musique change avec les générations, et dans ce roman, deux genres musicaux éloignés, le boléro et le rock, trouvent leur équilibre dans un besoin partagé par les deux interprètes : retrouver la scène. Ici, le pendule oscille entre le Rossignol qui, dans la gloire de sa jeunesse a volé très haut, et le jeune Poli qui n’a pas encore atteint ses objectifs, car ce qu’il désire est encore loin. Malgré des contextes personnels et des situations familiales différents, il y a quelque chose qui les unit, en relation avec les lieux. C’est ainsi que la scène devient le refuge de ceux qui ont besoin de fuir de chez eux, quand l’attachement à la famille n’a plus lieu d’être.

Par-delà leurs situations propres, un vieil homme qui ne comprend pas son fils et un jeune homme qui ne comprend pas ses parents, ils partagent leur souhait de quitter la structure familiale originelle. La figure du « Maestro » prend la place du père déçu et, dans ce mouvement de pendule, Poli dépasse les besoins qui aveuglent le fils de Dalio et le remplace. 

L’écriture de Centeno Maldonado est oscillante, pleine d’humour et d’ironie. Dans le roman, tout ce qui s’oppose finit par atteindre un équilibre parfait et cela est possible uniquement à travers la passion de la musique.

Claudia Cavallin

Traduction L’autre Amérique