La Secrète de Héctor Abad Faciolince par Sofía Linares Traiman

Version en espagnol

Héctor Abad Faciolince, La Secrète, traduit de l’espagnol (Colombie) par Albert Bensoussan Gallimard, 2016, 408 p. [La Oculta, Debolsillo, Barcelona, 2015]

La Secrète est une ferme située dans le paysage montagneux d’Antioquia, en Colombie. Et c’est aussi le personnage principal de cette histoire. Trois frères et sœurs, Antonio, Eva et Pilar Ángel, racontent leur vie et la relation qu’ils entretiennent avec cette terre héritée de leur famille et le rôle qu’elle a pu jouer sur l’identité de chacun d’entre eux. On découvre l’histoire du village depuis sa fondation, l’histoire familiale et même le contexte politique et social du pays à différentes époques.

Sorte de personnage caché, cette ferme représente l’enracinement dans un lieu et les façons de le vivre propres à chacun. L’auteur décrit de manière simple et claire les sentiments de ses personnages. Peut-être trop simple ? Néanmoins il y a beaucoup d’informations intéressantes. Il y a aussi quelque chose d’étrange avec ces frères et sœurs, qui ont des personnalités et des vies très différentes, car ils s’expriment de la même manière dans leurs récits à la première personne. Tout se déroule au même rythme. C’est pourquoi la fin est surprenante.

L’auteur donne une description précise et affectueuse du paysage qui nous entraîne dans l’histoire. Nous pouvons facilement nous identifier à certains des personnages, car ils abordent des thèmes fondamentaux et universels : la famille, les racines et la lutte des individus pour exprimer leur singularité. Et à un niveau plus secondaire, le peuple, le pays et le développement social et politique de ce territoire. Qu’on le veuille ou non, le domaine devient plus important que les personnages eux-mêmes.

Enfin, La Secrète contient également une critique de la modernité, de la société actuelle. Chaque époque est marquée par des traits différents et la nôtre nous offre des parcelles et des propriétés bien délimitées et gardées par une sécurité privée, des quartiers entourés de clôtures, des lacs artificiels et une connexion internet partout… La nature vierge est presque inexistante, la tranquillité s’achète et les familles se réunissent de moins en moins. La question qui vient à l’esprit lorsqu’on termine ce roman est la suivante : était-ce mieux avant et avons-nous perdu les valeurs essentielles que sont le respect des autres, du passé et de l’environnement ?

En bref, cette histoire nous invite à réfléchir et à découvrir la beauté naturelle de la Colombie, tout en connaissant ses hauts et ses bas politiques et les conséquences que cela a sur la vie quotidienne.

Sofía Linares Traiman

Traduction L’autre Amérique